Faut-il avoir de graves complications mentales et des troubles comportementaux compulsifs pour supporter le Racing Club de Lens ? Tonton Friedrich revient en détail sur la question à l’aide des réponses apportées par le premier match à domicile.
Autant jouer franc jeu tout de suite : la réponse est évidemment oui.
Mais la finalité de la réponse n’est pas tant de savoir si le supporter lensois, quel qu’il soit, est complètement demeuré (large consensus de la communauté scientifique autour de cette question) mais de démontrer que ce même supporter est encore plus con que ses congénères du pensionnat de Ligue 2. Il convient donc de revenir sur les faits du samedi 8 août, retour à la maison, « Home Sweet Heaulme » comme disent les Lorrains.
Quelle ambiance les enfants ! Autant vous dire que bercé par cette foule, dans les fumigènes, la sudation excessive, l’odeur des joints et des fricadelles bon marché, j’étais comme un poisson dans l’eau ou un supporter monégasque au firmament de son excitation dans un karaoké pour maison de retraite. Bibopalula.
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De merveilleux instincts primitifs et grégaires exacerbés pour la réception du formidable promu de National, donc. Après avoir été relégués piteusement la saison précédente, on se retrouve avec une place du Général de Gaulle copieusement remplie. Il fait beau, il fait bon, la bière coule sous nos pavillons. On oublie pas ce qu’on a enduré, mais on veut enterrer la Licorne une bonne fois pour toutes.
Cherche pas, mec. Ici t’es à Lens. Bitch. Et l’irrationnel prend bien souvent le dessus lorsqu’il s’agit de football.
Toute la famille lensoise est réunie (neveux et nièces illégitimes compris) pour une chaude ambiance, avec des chants, de l’ambiance. On boit, on gueule, on rigole, on profite de cet instant absolument surréaliste dans le paysage footbalistique français. Ligue 2. Réception du promu de National. Autant dire que d’un point de vue purement psychiatrique, on ne part pas avec une longueur d’avance.
Dans le stade, tout avait soigneusement été préparé, les sacs de confettis placés sous les sièges de la Marek, issus des déchiquetages des exemplaires de l’Équipe parlant du transfert de Jeff-Reine Adélaïde à Arsenal. (On raconte que certains supporters continuent de convulser en passant des liasses de journaux à la déchiqueteuse.) Une célébration sympathique, différente de la fashion week des supporters des Girondins de Bordeaux.
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Si après le rappel de ce douloureux souvenirs d’un de nos jeunes à Arsenal, vous ne vous êtes toujours pas fracassé le crâne avec un mug Pierrick Valdivia, continuez à lire cet article. Sinon, il est temps de consulter un spécialiste.
(Supporters de Lens de la section Côte d’Azur, précipitez vous sur les derniers rendez-vous disponibles avant que la Bielsamania n’engorge les cabinets médicaux jusque l’arrivée tant attendue du prophète Pascal Dupraz.)
On est Lens, on brade nos futurs messi(e)s chez les roast-beefs, on est en galère, mais souriants.
Le coup d’envoi approche, la Lensoise est convenablement beuglée, et on a des frissons putain. La chair de poule comme rarement, et l’envie furieuse de réussir notre première apparition dans le nouveau Bollaert. On avait merdé notre sortie, et si vous n’êtes toujours pas convaincus, je rappelle qu’on est Lens.
La pression qui monte, elle est belle notre arène. Un plan comm’ magistralement orchestré avec l’arrivée de Cap’tain Sikora, qui ferait presque passer les derniers mois pour un lointain souvenir. Parfois, j’ai l’impression qu’on nous prend un peu pour des cons. Mais bon, je rappelle qu’on est Lens.
Le coup d’envoi est donné, et puis on a encore plus chanté, on a dit qu’on était les plus forts, qu’on aurait pas de pitié, etc. A l’inverse, notre Pierrick national a décidé d’être quant à lui on ne peut plus clément, miséricordieux et magnanime en vendangeant à peu près tout ce qu’il touchait et rendant moult ballons à l’adversaire. Grand saigneur seigneur.
Footballistiquement, on est largués. Les gars se connaissent peu (on attendant les exploits et virées nocturnes de nos jeunes prodiges pour arranger les choses) et les automatismes manquent. Défensivement, c’est relativement serein. Offensivement, c’est Verdun. On continue de balancer des grands ballons « Alléluia » vers l’avant en espérant que nos avants fassent des miracles.
Après, on décide de se rajouter un peu de piquant à cette rencontre relativement chiante en se compliquant la tâche. Et hop, on en prend un, tout le stade déchante. C’est bien connu, les premières fois sont rarement les plus réussies, mais on a au moins le mérite de s’en souvenir. Histoire de (se) finir dignement et d’honorer avec panache notre nouvelle enceinte, Autret envoie sans vergogne une divine reprise dans les goals adverses.
Cette journée se résumera en une sensation mitigée : des grosses incertitudes sur la suite, en espérant que notre jeu se mette convenablement en place (ne plus se faire mettre à l’amende par le promu de National, par exemple). Si l’objectif est affiché de ne pas viser la remontée tout de suite, je me prends à rêver d’envoyer du jeu, et se définir un style propre. Notre stade est enfin reconstruit, place au plus grand chantier encore de notre équipe et notre style de jeu.
Tonton Friedrich
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