J’ai eu la chance de vadrouiller un peu pendant ce morose mois de Novembre. Et en rentrant, j’ai vite constaté à quel point le moral des troupes était à zéro. Y’a rien qui va en fait ! Dans les coulisses du #RCLens, tout semble bloqué, ou au moins en suspend. Sur le terrain, c’est piteux. Du coup, pour mon retour au bercail, j’avais envie de vous taper un petit article « fresh up », genre celui qui va vous faire oublier pendant quelques minutes les choix tactiques d’Antoine Kombouaré. Pour BM, j’avais envie de faire un truc hors-sujet ; parler du Chinlone, plutôt que de chignole.
Jeudi 26 Novembre, Bagan, Etat de Mandalay au Myanmar. C’est la Fête des Lumières. Après une longue journée passée à visiter les nombreux temples qui ornent ce fabuleux site archéologique qu’est Bagan, je me suis laissé aller à suivre le peuple birman qui se dirigeait alors en masse en direction de la grande pagode de Nyaung U pour le début de festivités qui semblaient très attendues. Ce n’est qu’en rentrant à mon auberge, sur mon sublime eBike de fabrication chinoise, bravant la fraîcheur de la nuit, que mon attention fut attirée par un feu d’artifice, dont la zone de lancement semblait se situer à l’arrière du temple Ananda – un des plus majestueux du site.
C’est alors que je découvris, entre les différentes salves de pétards, feux d’artifices et autre cocottes envoyées en l’air, une exhibition d’un sport qui m’était alors totalement inconnu ; le Chinlone. WTF.
Chinlone, qui signifie « panier arrondi » en birman, est un sport traditionnel, joué depuis près de 1,500 ans au Myanmar, ainsi que dans l’ensemble de la région d’Asie du Sud-Est. Des artefacts en argent ont même été découverts dans la région de Prome, désormais Pyay, lors d’excavations archéologiques au début du vingtième siècle. Le Chinlone est en fait un mix de sport (ndlr : une Brésilienne complexifiée en fait), de danse et dans une moindre mesure d’art martial ; de nombreux mouvements ont en fait été inspirés de danses et d’arts martiaux birmans. Le tout pour un rendu qui ferait pâlir un bon nombre des pensionnaires de la Gaillette.

Pratiquement, une équipe de Chinlone est formée de six joueurs qui se passent la balle avec leurs pieds et genoux. Un joueur se place au centre du cercle, et sert plus ou moins de chef d’orchestre, initiant les mouvements et autres danses. La partie s’arrête lorsque la balle touche le sol, et reprend, pour une durée difficile à définir.
Cette fameuse balle, fabriquée à partir de rotin, émet un petit bruit assez singulier à chacune des touches de balles. Avec les nombreux instruments à percussion entourant le cercle de jeu, on assiste à un spectacle assez surprenant.
En fait, ce sport n’est pas vraiment un sport comme on peut le définir depuis notre occident lointain. Il n’y a pas de compet’ à proprement dite. Le Chinlone est uniquement basé sur le plaisir. Un plaisir partagé avec un public, qui entoure le cercle en dansant, chantant, buvant, fumant et chiquant le betel. Les six joueurs se passent la balle en utilisant toutes les parties de leur corps, la majorité des contrôles étant réalisés avec la partie intérieur du pied. Les seuls critères sont esthétiques, « pour la beauté du geste », en accord avec les règles ancestrales du Chinlone.
Tout le monde peut intégrer le cercle ; jeunes, anciens, hommes et femmes.
Le Chinlone peut également être pratiqué en solo ; et ce sont souvent des femmes qui s’adonnent à cette discipline, qui ressemble de près aux exhibitions de freestyle que l’on peut apercevoir sur YouTube. Et ouais, les Asiatiques n’ont pas fait qu’inventer la poudre, ou encore les noodles… question « esthétique du ballon rond », ils ont aussi des siècles d’avance…
Le Sepak Takraw, autre dérivé connu de ce sport ancestral, n’a lui que très peu de choses en commun avec le Chinlone traditionnel, si ce n’est qu’il est joué avec cette même balle en rotin, et requiert donc des qualités techniques très similaires. Le Sepak Takraw se joue sur une surface aux dimensions proches de celle d’un terrain de badminton. Ce sport est aujourd’hui extrêmement populaire en Asie du Sud-Est, et est fortement disputé lors des « South East Asian Games ». Les enchaînements et autres combinaisons sont absolument sublimes ; les joueurs n’ayant le droit d’utiliser que de leurs pieds pour servir, passer ou smasher !
Aussi aérien qu’esthétique.
Curiosité retranscrite par Louis de Finesse (@Louis2Finesse)
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