« Revenir pour un Lens – Real Sociedad ? »

Deuxième volet de notre retour sur le match RC Lens – Bourg-en-Bresse, avec le témoignage de Jérôme, Basque et grand amateur de rugby, qui s’est laissé emporter par l’ambiance de Bollaert. On parle des Girondins, de la Real Sociedad, de l’Aviron Bayonnais mais bien évidemment du Racing. 


BM : Salut Jérôme, merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à notre solicitation. Peux-tu te présenter rapidement ? 

Jérôme : Salut Louis ! Je m’appelle Jérôme, j’ai 26 ans et je suis tout jeune diplômé de mon master d’Ecole de Commerce à Nancy. Je travaille actuellement au Luxembourg comme comptable pour des fonds d’investissement et ce depuis ma sortie de l’école (ndlr : ce n’est pas Mangrove Capital Partners, nous avons vérifié). C’est là que mon lien avec le Nord-Pas-de-Calais a pris forme puisque j’y ai rencontré ma copine qui a une bonne partie de sa famille près d’Arras. Parce qu’auparavant étant originaire du Pays Basque, on va dire que je n’avais pas vraiment de liens directs avec la Région… Ma passion pour le football est surtout liée à la destiné des deux clubs qui me sont chers, à savoir les Girondins de Bordeaux et la Real Sociedad.

BM : Tu sembles être fortement attaché à tes racines basques !

Jérôme : Oui, plus jeune, je suivais pas mal les Girondins, en fait. Dans les années 90, il y’avait vraiment des équipes de dingue. Mon premier gros souvenir de foot est le quart-retour d’UEFA gagné 3-0 contre le grand Milan AC en 96. Pas celui d’aujourdhui hein, mais celui des Weah, Maldini, Costacurta, Baggio et consort. Ce match est resté au panthéon du club avec l’épopée de 85 en C1. Sinon le titre de 1999 m’a également marqué ; la ligne d’attaque était juste magique : Laslandes-Wiltord-Benarbia-Micoud. Je me souviens du match contre l’OM avec le 4-0 en une demi-heure ou encore le but du titre de Feindouno au Parc à la dernière minute. Les Girondins de l’époque étaient un club vraiment à part un peu comme le FC Nantes. Mais les bonnes années sont loin derrière. A vrai dire j’ai désormais un peu lâché la Ligue 1 dans sa globalité et avec elle les Girondins malheureusement. Mais j’aime toujours beaucoup le club en espérant qu’il redevienne ce qu’il a été…

Cependant, par la proximité géographique, j’ai finalement toujours eu une affection plus particulière pour la Real (ndlr : Sociedad). Le club est certes un peu moins prestigieux que le voisin Bilbao, mais c’est un club avec une vraie identité et un gros centre de formation. Ma première au stade c’était là-bas à Anoeta contre le Bétis Séville. J’avais 5-6 ans, je m’en rappelle parfaitement. J’y étais même abonné une saison avec mon père (1999-2000 de mémoire), on allait à Anoeta quasiment pour chaque match. J’y suis reparti il y a 2 ans pour le match contre le rival direct pour la C1, à savoir Valence. Montanier était le coach et ça jouait un football de rêve. Le match avait été un sommet de la saison de Liga.

BM : Le football espagnol nous semble à des années lumières de la Ligue 1… (Ne parlons pas de notre bonne vieille Ligue 2).

Jérôme : Oui, c’est le minimum que l’on puisse dire… Il n’y a qu’à voir la pétée que la Real a mis à l’OL il y’a 2 ans, avec en plus avec des buts venus d’ailleurs. De manière générale, tout est beaucoup plus fort que chez nous : la technique individuelle, la qualité de jeu, le niveau global des équipes, l’ambiance dans les stades, la ferveur. C’est incomparable et même l’Angleterre et son argent ont du mal à rivaliser.

BM : Parle nous un peu de l’Euskal Herria, et du rapport des basques avec le sport. J’imagine que le rugby y est roi…

Jérôme : Contrairement aux apparences, les gens aiment bien le football au Pays Basque, mais le rugby reste le sport le plus suivi effectivement. Même si comme moi, tu n’y as pas joué en club, tu ne peux pas y échapper tant la vie dans ma région est liée à ce sport (ndlr : @TontonFriedrich pourrait vous en parler pendant des heures, autour d’une bonne bière dans un pub du centre-ville d’Arras). Je suis un énorme fan de l’Aviron Bayonnais depuis tout jeune, et de plus en plus je dois dire que je délaisse le football pour le rugby. C’est bien simple chez nous le rugby représente plus ou moins ce que le football est à Lens : c’est plus qu’une passion, c’est une religion. A Bayonne, tout respire le rugby et le stade Jean Dauger est un lieu à part dans le rugby français tant le public y est fervent, chauvin mais en même temps ultra connaisseur du jeu. Puis la Peña Baiona au début de chaque match ça file les frissons. Et même si le club est en Pro D2 cette année, le derby a encore une fois fait le plein cette année. Chaque saison, l’Aviron peut se targuer d’avoir une affluence moyenne supérieure à 10,000 spectateurs, soit autant ou presque qu’en Top 14. Même en étant qu’expatrié, je ne loupe aucun match (sauf cas de force majeure). Je te parlais de religion tout à l’heure ? Et bien le match de l’Aviron c’est notre messe du week-end. Et j’essaye d’aller à Dauger dès que je peux. J’espère secrètement y revenir pour la demi-finale d’accession au printemps prochain. Dire qu’on a failli fusionner avec les biarrots l’été dernier… Cela aurait été un séisme et une chape de plomb terrible pour le rugby basque mais bien heureusement, cette fusion a avorté grâce au véto des amateurs bayonnais.

BM : Superbe présentation du sport basque, et de ta passion pour l’Aviron. Je suis certain que cela intéressera fortement nos lecteurs, qui se reconnaîtront dans ta passion pour Bayonne. Revenons-en au RC Lens ; comment décrirais-tu ta « première » à Bollaert ?

Jérôme : Et bien, l’expérience a vraiment été top, peut-être même au-dessus de mes espérances ! Les dernières fois que j’avais été voir du foot, c’était surtout à Nancy (ndlr : on peut comprendre l’émerveillement de Jérôme alors) durant mes années étudiantes et franchement la plupart du temps la qualité du jeu était affligeante. En plus le public là-bas, hors ultras, est assez fidèle mais reste plus spectateur que supporter. De fait, l’ambiance est un peu feutrée. Mais quand ma copine m’a proposé de venir à Bollaert, j’ai de suite accepté car j’avais quand même envie de découvrir votre stade. Et le résultat est bien mieux en vrai qu’à la télé, où on ne se rend pas compte de ce qu’est vraiment l’ambiance à Bollaert.

BM : Peux-tu développer ?

Jérôme : Et bien, premièrement l’impression visuelle est vraiment bonne le stade est propre et fonctionnel et il me semble que la rénovation a été faite dans le respect de l’ancien Bollaert au niveau de l’architecture ce qui fait que l’âme de l’endroit ne s’est pas perdue.

Après, ce qui m’a également marqué, c’est le rapport fusionnel entre le kop et le reste du public le dialogue est permanent en fait. Je pense que la position singulière du kop en tribune centrale contribue à cela en plus de la ferveur naturelle du public lensois. Puis bon 26000 personnes qui chantent Les Corons pour un match lambda de Ligue 2 c’est quand même vraiment énorme cela prouve bien que Bollaert est un endroit à part du football français. En résumé, je conseille vivement à tout bon fan de football d’aller faire un match à Bollaert même en tant que supporter de l’équipe adverse, vu que l’ambiance y est au final bon enfant et familiale.

Tout petit bémol ; le club pourrait quand même mieux communiquer sur le fait que les fouilles sont poussées à ce point… Du coup, une bonne partie du public est arrivée 10 à 15 minutes après le coup d’envoi. Mais bon, j’ai vu que la direction ne filait même pas un coup de main aux ultras pour offrir des jouets donc communiquer sur ça c’est peut-être trop demander (ndlr : on vous jure, on ne l’a pas briefé notre ami Jérôme).

BM : Tu as conscience que tu as été gâté mon salaud ? On s’est fait chié pendant plus de six mois cette saison ! J’ai même tapé un aller / retour Paris – Lens, un lundi soir, pour assister à une humiliation ; 0-4 face au Havre…

Jérôme : Très honnêtement, un match de Ligue 2 contre Bourg-en-Bresse, sur le papier, ça ne crache pas vraiment. Je me suis dit que j’allais voir une bouillie de football en mode rentre dedans et pieds carrés. Au final, ce fut une très bonne surprise ! Surtout la première mi-temps, que j’ai trouvée excellente? Ça a vraiment bien joué et le niveau technique était pas mal.

BM : As-tu vu deux/trois joueurs sortir du lot ?

Jérome : Ouais, quelques mecs m’ont bien plu ; bon Chavarria n’est pas loin d’être le meilleur joueur de l’équipe. Sinon, j’ai bien aimé le petit Bourigeaud par exemple. Le début de saison avait l’air un peu dégueulasse comme tu me l’as indiqué, mais cela semble mieux tourner désormais. Vous avez sûrement les armes pour jouer la montée en L1 vu comment le championnat de Ligue 2 semble compact…

BM : Bon, tu reviens pour le prochain game, contre Dijon ?

Jérôme : Cela aurait pu être sympa puisque Dijon a l’air très bien parti dans la Ligue 2, mais je ne pense pas pouvoir revenir de suite dans le Nord. L’Euro 2016 aurait été une bonne occasion de revenir mais je ne me suis pas inscrit pour avoir des billets. Je reviendrai un jour à Bollaert si je peux. Pour un Lens-Bordeaux en Ligue 1 ? Revenir pour un Lens-Real Sociedad en Coupe d’Europe ? Bon ok, là, je fantasme totalement mais bon on ne sait jamais…

Un immense merci à Jérôme pour sa disponibilité, et la qualité de ses réponses. Assurément un plaisir de te revoir dans notre Temple. 

Retranscrit par Louis de Finesse (@Louis2Finesse)


 

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