Quelques semaines d’absence. Et revoilà BM qui revient dans le game. Hasard du calendrier, l’article du jour est consacré à l’AC Ajaccio, seul club que nous avions zappé lors de la phase des matchs aller. Faute impardonnable, quand on connait l’un des supporters les plus emblématiques de L’Ours ; Loïc, président d’I Sanguinari, qui s’apprête à faire son 21ème déplacement de la saison. FDL, t’as un client !
BM : Salut Loic, comment vas-tu ? Peux-tu nous présenter ton association en vitesse ?
Loïc : Salut BM. Je suis le président d’I Sanguinari depuis 2 ans. On est une association regroupant les supporters de l’ACA sur le continent. La plupart d’entre nous est installée à Paris ou en région parisienne mais on a des sympathisants un peu partout en France. Ce déplacement à Lens sera mon 21ème cette saison.
BM : Du coup, Bollaert, c’est votre plus gros déplacement de la saison ?
Loïc : Plus gros déplacement de la saison ? Loin de là. Cette saison, il est très compliqué de réunir les gens pour soutenir l’ACA. À cause des résultats mais surtout parce que les gens ont autre chose à faire de mieux que d’aller à Lens un vendredi soir. Mais à Lens on va quand même retrouver le noyau dur des supporters de l’ACA sur le continent. Entre ceux qui partent de Paris et ceux qui sont installés dans le Nord, on devrait être une dizaine en parcage. On fait l’aller-retour dans la journée, à trois voitures : un Q5, une Renault Mégane RS tuning et ma… 106.
BM : T’es un peu le même zigoto que FDL… Je ne sais pas si tu le connais ?
Loïc : FDL ? J’en ai écouté parler ouais. Mais je connais surtout des FDP. Et ils jouent tous à Bastia (ndlr : c’est dit). On devrait tous respecter ce genre de supporters, prêts à tous les sacrifices pour leur club. Mais vous savez, je vais peut-être finir comme lui, ma Peugeot a 230,000 km et un jour ou l’autre, à force de l’emmener dans les quatre coins de la France tous les quinze jours, elles va bien finir par me lâcher. Et je n’aurais alors qu’une solution : l’auto-stop.
« Une douille de pistolet »
BM : C’est quoi ton déplacement le plus « roots » ?
Loïc : En Ligue 2, le plus roots c’est sans aucun doute Laval. Quand tu arrives là-bas, tu te croirais resté au Moyen-âge du football. Les installations sont restées figées dans les années 80. Et sachant qu’il n’y a pas beaucoup de Corses en Bretagne et peu de supporters qui se déplacent, le parcage à Le Basser est souvent très très léger : nous étions deux la saison dernière, et j’étais seul cette saison.
Sinon, si je prends en compte les déplacements en Coupe de France, il y a Quimperlé, sous la pluie, dans les inondations en plein mois de janvier, avec les serveuses bénévoles édentées qui viennent t’offrir du vin chaud (ndlr : esprit sang et or). L’essence même du football vrai. Et il y a aussi Brétigny, cette saison, en plein hiver et en pleine psychose post-attentats de Paris. Tu arrives dans un minuscule stade de banlieue, les mecs de la sécurité t’emmerdent avec 3 ou 4 fouilles, t’as même pas le droit de prendre le drapeau corse et là tu arrives en tribune et la première chose que tu vois sous un siège, c’est une douille de pistolet…
Black Ochoa
BM : Vous êtes déjà venu nous taper en Coupe de la Ligue, avec Rififi Mandanda qui avait dérouté nos « buteurs » en dansant la Monferina…
Loïc : Il nous a fait bander Mandanda sur ce match là. On aurait pu croire qu’Ochoa était revenu dans les cages mais qu’il était noir et avec les cheveux courts. Ce match-là a été un déclic pour lui. Il était parti pour être remplaçant cette saison mais la blessure de Scribe et la confiance qu’il a pris sur ce match ont joué en sa faveur. Par contre, pitié, dites à vos supporteurs de ne pas le comparer avec son frère Steve. Tous les quinze jours on a droit à des “Oh Riffi Mandanda, tu es plus nul que ton frère”, “Oh Riffi Mandanda, ton frère il est mauvais” ou des trucs du genre. On n’en peut plus.
BM : Parlons buteur, parlons Toudic… #Freestyle (fais toi plaisir).
Loïc : Si vous m’aviez posé cette question en début de saison, j’aurais beaucoup ri. Mais là, Toudic a réussi à faire changer d’avis beaucoup de supporteurs. Il est plus rapide dans ses enchaînements, plus décisif, plus concerné et plus régulier face au but. Et il y a un mystère autour de lui : dans tous les stades, des mecs (souvent handicapés) se déplacent juste pour le voir lui, pendant et après les matchs. Comme une star. Mais personne ne comprend trop pourquoi.
BM : Chez vous, on avait fait preuve d’un manque de respect total, en s’arrêtant de jouer à 11 contre 9… Cavalli égalisant à la 88ème minute…
Loïc : Ce match aller, c’est l’une des rares fois où on a su montrer du caractère. Généralement, cette saison, l’ACA marque en premier, se fait rejoindre et perd. Là, c’était (un peu) le contraire. Aujourd’hui, l’ACA reste sur une mauvaise série de résultats à l’extérieur, avec beaucoup de buts encaissés, donc nous ne nous faisons que peu d’illusions sur le score final…
Les Gros Talents
BM : Claude Gonçalves, il était annoncé être la pépite du foot corse, mais il tarderait pas à exploser – étrange pour un corse ?
Loïc En général, on attend beaucoup des pépites du football corse mais au final, elles ne donnent pas grand chose. Le meilleur exemple c’est Jean-Jacques Mandrichi. Tout le monde le voyait devenir un grand attaquant. Mais il est juste devenu un gros attaquant. (mais on l’aime énormément). Pour Claude, c’est un manque de confiance cette saison. L’été dernier, Pantaloni ne comptait pas sur lui, il est quand même resté au club et a profité des blessures et des suspensions pour grappiller du temps de jeu. Aujourd’hui, le coach le fait jouer à un poste qui n’est pas le sien : latéral droit. Donc c’est forcément plus compliqué pour lui, mais il est toujours très volontaire.
BM : Ça fait quoi d’être le 3e club corse ? J’te dis ça parce que y’a peu, on était le 4e club du NDPC…
Loïc Comment ça troisième club corse ? Je vois surtout que l’on est le premier club corse au classement de Ligue 2. Les autres ne comptent pas.
BM : ACA et le Gaz ? Ça chicane vraiment ?
Loïc : Ça chicane mais c’est gentillet. Un peu comme deux frères qui s’aiment mais qui se chamaillent. Il faut dire que pas mal d’Ajacciens sont opportunistes et retournent leur veste selon les montées et les descentes en L1/L2. Ceux qui allaient voir l’ACA en L1 vont aujourd’hui voir le Gaz en L1. Mais c’est bon enfant, c’est plus du chambrage que de la violence. Il n’est pas rare que dans une famille ou dans une bande de potes, l’un soit pour l’ACA, l’autre pour le Gaz’.
BM : Ton Top 3 des joueurs ayant évolué à l’ACA depuis que tu as ouvert les yeux ?
Loïc : Le meilleur de tous, c’est bien sûr Memo Ochoa. Une idole à Ajaccio. Certains continuent même à croire qu’il va revenir parce qu’il joue peu à Malaga… Il a rendu les gens complètement zinzins et on ne risque pas de retrouver un joueur aussi simple, charismatique, bon et professionnel de sitôt.
En deux, je vais pas parler d’un joueur mais de plusieurs : ceux formés au club. Il y a Andy Delort et Benjamin André qui brillent pas mal en Ligue 1 cette saison. Et c’est une fierté pour la ville, où les deux ont laissé de très bons souvenirs.
Et pour le troisième, je vais prendre un joueur actuel : Zakaria Diallo. Le mec est tellement facile qu’il joue en marchant. Il n’a rien à faire en Ligue 2 (mais chut, faut pas le dire trop fort, j’ai peur qu’on vienne nous le voler).

BM : Le match de demain, tu le vois comment ? On est en mode rouleau compresseur en ce moment (jeu de merde, mais victoire au bout).
Loïc : La victoire est pour vous malheureusement. Notre belle série s’est terminée. Les joueurs semblent s’être relâchés. Mais tranquille, nous sommes (presque) maintenus. On vous laisse gagner pour que vous continuiez à rêver de Ligue 1…
Retranscrit par Louis de Finesse (@Louis2Finesse)
Pour les lensois intéressés, la page Facebook d’I Sanguinari : https://www.facebook.com/isanguinari/
il avait vu juste le Loic
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