Religion:
Rapport de l’homme à l’ordre du divin ou d’une réalité supérieure, tendant à se concrétiser sous la forme de systèmes de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles et morales nous dit le CNRTL. Il nous précise qu’originellement La doctrine était peu de chose; c’étaient les pratiques qui étaient l’important; c’étaient elles qui étaient obligatoires et qui liaient l’homme.
C’est à vouloir défendre mordicus une doctrine ou un dogme que les plénipotentiaires représentants des grands courants religieux occidentaux et orientaux ont conduit, siècle après siècle à la déliquescence de ce qu’ils défendaient. A devenir infaillible, la parole papale ne pouvait être armée aux évolutions du temps. Va défendre que la Terre est plate en 2018 et que t’as découpé au nom du dogme des gars qui disaient le contraire il y a 500 ans. Tente d’affronter la vie avec des livres écrits avant que le papier n’existe, traduits par on-ne-sait-qui dans 5347 versions différentes alors qu’il n’y a pas d’original, dans un monde où on t’apprends dès le CM1 à douter dde ce que tu lis. Tu ne peux pas, tu ne peux plus.
Tu es obligé de t’adapter à un monde qui bouge en permanence alors que l’évolution de la religion est par essence celle du temps long, de la stabilité.

Preuve nous est donné par le supporter lensois. Car si tu relis la définition, supporter le Racing s’apparente à de la foi, de la bigoterie. C’est sans doute une évidence pour nombre de supporters et de clubs, mais pourtant à Lens, le rituel est le même chaque année. Il suit un processus identique saison après saison (la saison était le temps (au sens du temps qui passe) de la religion, le rythme imperturbable voulu par le(s) Dieu(x) vénéré(s)). Certes, le processus s’adapte au contenu de la saison sportive, comme l’on s’adapte à l’hiver plus ou moins rigoureux ou à l’été plus ou moins chaud.
Einstein définissait la folie, par le fait de refaire toujours la même chose, et d’attendre des résultats différents. Est-ce une folie de croire dans le Racing? Sans doute.
Pouvons-nous faire autrement? On a essayé. Tels de accrocs, de décrocher. « Nan cette année ces bâtards m’ont trop blasé, on a finit 14e L2. T’imagines? 14e… «
T’as envie d’être le 14e mec d’une meuf ou la 14e à se faire soulever ? De passer après cette pute de Sandy? Même si tu dis que ça n’a pas d’importance, t’as pas envie. Déjà parce que ça pue la lose. En plus, il sent la MST ce plan.
Mais t’oublies, tu penses aux bons moments, à ceux que tu pourrais repasser en te disant que si le Pape a fait des conneries, tu peux bien pardonner à des footballeurs. Alors une semaine après la fin d’un championnat pitoyable, t’étais déjà en train de guetter comme un tox les bouleversements à la tête du clergé local et d’espérer des temps meilleurs, le début d’une nouvelle ère et la fin des années noires.

Et c’est peu dire que t’es déjà redevenu un putain de témoin de Jéhova, tendance souffiste après à peine 2 journées de championnat. On a eu beau rencontré un très faible Orléans, t’avais beau pas connaître le moindre des mecs recrutés par le Racing cet été (ou pire, tu tentes de faire le hipster qui connaît Gillet, « une-putain-de-recrue-qui-peut-jouer-6-dans-un-schéma-losange-ou-8-en-relayeur, ou blablablaBLABLA »), t’avais envie d’être à Bollaert pour la première fois de la saison. Envie de faire la couverture de Sudation Magazine et de tester la qualité du tissu antitranspirant du nouveau maillot en plein cagnard. Mais surtout envie de chanter, de crier, de sauter dans une tribune debout. Ou de t’enflammer ton coin de tribune, de te faire ambiancer si t’es un peu plus timide. Mais surtout d’y être. Avant match, dans un bar, dans le cortège, avec ton daron, tes potes, ton fils, ta femme, ton homne, ou même seul. Mais d’y être pour ne pas rater ce qui pourrait s’y passer. Dans le stade. Dans le temple. On t’a déjà tellement dit du bien de Montanier, du nouveau Serbe en défense là, de Gomis et de Centonze. Il paraît même que Mesloub a retrouvé les couilles qu’il avait oublié aux Herbiers et que « Madri va revenir ». « Plus fort qu’avant, c’est évident ». Sans béquilles, donc.

Alors qu’importe la fadasse bière sans alcool que tu as du t’enfiler par litres pour ne pas crever, qu’importe l’odeur de Brut de Fabergé mélangé à la frite et à la traspi de Josy, ta voisine de siège, t’étais bien. Tu t’en fous déjà qu’on aie fini 14e, de Casanova, de Bostock, Lopez, de ces années de merde. T’es déjà prêt à croire que c’est l’avenir est en marche. Après tout, Rami et Thauvin sont bien champions du monde de foot et Marlène Schiappa est ministre : pourquoi on n’y croirait pas nous? On a gagné nos 2 premiers matches, les joueurs ont l’air d’avoir les crocs (les dents hein, pas les godasses en plastique), mieux, ils semblent ne pas avoir peur de cette foule de bigots qui est prête à les porter aux nues et leur a déjà tout pardonner.
Alors, on verra plus tard pour l’absolution des pêchés, on va déjà savourer l’instant présent et exécuter notre petit rituel à tous. Celui qu' »à chaque fois que je fais ça, on gagne ». Et tant pis si c’est se mettre une caisse à la Suze, on le fait parce qu’on y croit.

@R_Di.
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