Nous avions laissé Bollaert au crépuscule d’un intense mois de mai et nous l’avons retrouvé hier presque inchangé, rempli d’hommes et d’espoir.
Çà et là, quelques apprentis Miss France verts et noirs portent fièrement en écharpe les saintes paroles de l’hymne lensois, comme un pied de nez aux études qui proclament que le Pas-de-Calais est illettré.
Il fait beau, l’ambiance est joyeuse comme le sont toujours les rentrées. On compare ses coups de soleil et ses coups d’un soir. On pronostique le match, on fait des plans, on donne des avis tranchés sur des joueurs qu’on a vu quinze minutes en match de préparation.
Le petit parfum de Ligue 1 qui flotte sur cette affiche du samedi tient plus à l’horaire décalée qu’aux deux troupes d’acteurs, mais il y a tout de même dans ce match comme une promesse cachée, comme un secret : et si on tapait Guingamp ?
L’entame du match fait légèrement retomber l’enthousiasme : les onze équipiers guingampais ont décidé de rendre hommage à leur club et sont sur le terrain comme sur leur logo : en avant.
Les lensois s’en sortent par des manœuvres que personne ne pourra qualifier d’élégantes mais les sorties en corner de la défense sauvent un temps Jean-Louis « La Guitare » Leca, nouvelle égérie de communication du club de retour dans ses cages après son stage estival de gestion de la colère.
Malgré tout, les assauts bretons vont rapidement s’estomper et ainsi laisser à Steven « Longues Quilles » Fortes le temps de récupérer toutes ses jambes et d’essayer de les remettre dans le bon ordre.
Il paraît que Michelin est sur le terrain. C’est peut-être vrai.
Le match s’équilibre, la bataille de la Terre du Milieu fait rage, on avance et on recule, comment veux-tu, comment veux-tu que l’on bascule.
Après trente minutes et quelques frappes lensoises, il s’avère que nous allons avoir face à nous un Marc-Aurèle Caillard en forme, bien décidé à partager la philosophie stoïcienne de son illustre ancêtre de nom. Calme et déterminé, il s’interposera entre le ballon et ses filets aussi sûrement qu’un PNJ vous empêcherait de passer dans une zone non débloquée. Qu’à cela ne tienne, on va prendre un peu d’XP et revenir.
La mi-temps se termine, et on notera avec satisfaction une relative augmentation de la nervosité guingampaise qui rentre au vestiaire avec deux biscottes dans le côté gauche. Agacés par le virevoltant Florian « BAE » Sotoca, les Bretons ont fini par poser leurs semelles sur les chevilles du nouveau chouchou de Bollaert. On ne cautionne pas, mais on peut comprendre.

Le retour des vestiaires est un peu crispé, la tension monte d’un cran, et Clément « Le Râteau » Michelin vient découper Poaty. Vous voyez qu’il était là finalement.
Le ballon passe d’un camp à l’autre. Les lensois tentent de construire mais sont bien trop souvent dans une possession stérile sans réussir à percer les lignes adverses. Ca commence à sentir l’arnaque. Been there, done that.
La situation est bloquée et, pour remettre un peu d’allant dans ce match qui s’installe, Montanier fait rentrer Walid « Steevie Boulay » Mesloub puis Mounir « Chouchou » Chouiar. Bien lui en prit, Sotoca trouve la transversale juste après l’entrée des deux joueurs.
On regrettera de n’avoir pas vu plus souvent Simon « Sauveur » Banza, trop éloigné des débats pour pouvoir réellement s’exprimer.
A l’aube des dix dernières minutes, les Bretons tenteront une de leur occasion les plus dangereuse et il faudra un mur humain sang et or pour empêcher Blas de nous renvoyer vers les terres malheureusement trop connues de la « défaite alors qu’on menait la danse ».
Après ce dernier coup d’éclat, les Guingampais rejoueront une version masculine des filles de Lair et s’effaceront de la partie. Il n’en fallait pas plus pour que Gaëtan « Quatennens » Robail vienne offrir à Chouiar l’occasion de montrer qu’il faudra définitivement compter sur lui cette saison.
1-0, les mâchoires se desserrent.
Apparemment soumis à un quota de cheveux longs sur le terrain, Montanier fait souffler Guillaume « Papa » Gillet et laisse Yannick « Pas le ministre phobique mais l’autre » Cahuzac faire ses premiers pas dans l’arène artésienne.
Chouiar, toujours prêt à rendre ce qu’on lui a donné, lance un Robail esseulé devant le gardien, qui fait ce qu’on attend d’un numéro 9 dans ces cas-là : il plante superbement un Marc-Aurèle abandonné par ses troupes.
2-0, c’est plié.

Le match se termine et déjà l’échéance de la semaine prochaine est dans toutes les têtes, puisque Clermont se présente comme un adversaire costaud, un match-test qui devrait illustrer les ambitions lensoises de cette saison. La tâche ne paraît pas insurmontable, si tant est que les lensois apprennent de leurs deux premiers matchs et tentent de trouver un rythme plus percutant avant la fin de la première demi-heure de jeu.
La fébrilité défensive des débuts de match doit être contenue et la construction de jeu doit être plus rapide et tournée vers l’avant s’il on veut éviter de passer la saison à changer nos dessous toutes les quatre minutes.
En contrepartie, on doit quand même noter une solidité globale plus qu’intéressante, une alchimie palpable dans l’équipe qui permet, parfois sur le fil, de contenir les erreurs personnelles et d’éviter qu’elles ne soient fatales.
C’est peut-être le je ne sais quoi qui nous manquait tant.
Ça, et Florian Sotoca.
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