« Chérie, où est-ce que tu as mis mes bottes ? Oui, les imperméables que ta mère m’a offertes pour Noël ! A côté de tes slips Aubade ? WOKAY MERCI ! » Dimanche matin, après m’être enfilé une grosse tartine de Fleur d’Audresselles, bu un gros litron de café, vint l’heure de la promenade dominicale. La chasse. Et ce weekend, ce ne sera pas une promenade de santé. L’hiver approche et la terre devient boueuse. Le ciel est gris, les nuages sont bas. Le décor est planté, il ne s’agirait pas de trop se salir le futal. Un mal pour un bien, je n’ai pas à enfiler le maillot que j’avais commandé sur Vintage Football Area, ce dernier n’étant pas encore arrivé dans ma boîte aux lettres. On part donc pour une journée à courir après le gibier, après une trop longue trêve sanitaire. Cette ambiance de traque m’avait beaucoup trop manqué.
C’est donc en terres dijonnaises que les lensois se rendirent pour cette J-11. Un match que Lens pouvait autant gagner que perdre. La possibilité d’un match nul n’était pas à exclure. Introduction assez inutile, mais je vous promets que le débrief gagne en qualité par la suite. On le sait bien, tous les matchs seront âpres à jouer cette saison, mais la forme récente du Racing avait toutefois ça de bon que de calmer certaines ardeurs, et inspirer une méfiance relative. Le doute, si cher à Franck Haise, est indispensable. Et cette impossibilité laconique de se projeter sur l’issue du match avait surtout pour cause un enchaînement peu reluisant de circonstances négativo-négatives (attention, risque d’enchaînement un tantinet rébarbatif) :
- jouer à Dijon, ne nous a jamais guère réussi, avec aucune victoire sur leur pelouse, et surtout un dernier succès datant du 1er août 2008 (à Bollaert sur une frappe de Milovanovic pour les anciens),
- jouer à Dijon, qui n’a pas encore dépucelé sa saison,
- jouer à Dijon, qui vient de changer de cochet, sans que ce soit Kombouaré,
- jouer à Dijon, après avoir pris huit pions en deux matchs, bonus trois mi-temps d’inexistence,
- jouer à Dijon, en étant le Racing Club de Lens – bon ok, celle-ci, on va finir par devoir définitivement la mettre en veilleuse.
- jouer à Dijon, qui a installé un buste de Vachoux dans le couloir menant à la pelouse,
- jouer à Dijon, et du coup être incapables de jouer à Marseille en même temps,
- et enfin jouir à Dijon, qui est tout simplement impossible,
En bref, il fallait être loco comme Marcelo pour ne pas voir le traquenard que représentait ce match, dans le bourbier d’un Gaston-Gérard qui personnellement me fait à chaque fois penser à la fameuse recette de cuisine éponyme constituée de poulet, moutarde et comté au four. Note : je peux vous expliquer la recette en visioconférence si ça vous intéresse, demande de devis en DM. Le coup d’envoi s’apprête à être donné.
Lens présente pour le coup un onze semi-expérimental. Comme à peu près tous les week-ends, Francky se réserve le droit de glisser une voire deux petites surprises à son compère. A Linarès, Haise lui présenta un onze orphelin de Kakuta, Ganago et Doucouré, avec la promesse implicite faite au coach bourguignon que la fin de match serait quoiqu’il arrive bien galère à gérer. La présence de Seko Let Them Talk Fofana dans le onze de départ laissait aussi sous-entendre qu’on n’était pas non plus venus dans le 21 pour écraser les grains de moutarde.

Cette composition intervient à l’aune d’une succession de matchs à supposée haute intensité, et certainement que ce onze semi-surprenant entre dans une logique de rotation, permettant à l’ensemble du groupe d’être concernés par la fameuse opération maintien officiellement sur toutes les lèvres.
En face, une horde de viticulteurs enragés comme Patrice Carteron (ou Quarteron, ils l’étaient tous les deux), emmenés par un international Kosovar adulés par les faubourgs tchétchènes de la capitale costalorienne.
PREMIÈRE PÉRIODE :
La rencontre débute par un round d’observation plutôt actif, et une légère domination dijonnaise qui se concrétise par une série de corners qui je dois reconnaître, était globalement assez agaçante. Celina, qui caresse le ballon à chaque coup de pied de coin, amène une menace régulière devant la cage de Leca. Avec du recul, le meneur de la jeune patrie balkanique (contrepèterie) n’était en fait que le sparin partner d’entraînement de Loïc Minas Tirith Badé, ce golem de laiton littéralement monstrueux sur chaque ballon joué dans sa zone cubique de 30 mètres d’arête. Quel crack.
La légende dit que attacher une photo de Loïc Badé à votre traversin fétiche permet d’augmenter significativement la sérénité de vos nuits.
Lens est donc légèrement dominé, mais sans que cela soit forcément générateur de crises de panique, voire d’épilepsie. Mon organisme tient le coup. L’avantage d’avoir chialer pendant près d’une décennie, je me pisse moins dessus aujourd’hui.
C’est à ce moment-là que le Racing se décide de sortir de sa boite, et infligé aux dijonnais une séquence de vice digne des plus grands : CoJean, actif sur son côté depuis le début de la rencontre, se prend à imiter Sergio Ramos en plaquant littéralement Lautoa au sol, le brisant par la même occasion. Dijon joue à dix, et doit en plus se taper une grosse phase de pressing du bloc lensois. ET C’EST A CE MOMENT QUE LA LUMIÈRE FUT.

Mêmes cages, même action, même sanction. Racioppi, gardien suisso-Vachouxien, a cru pouvoir être en mesure de faire danser une rumba congolaise à Kalimuendo. L’ancien parisien monte au pressing, et l’inévitable se produit. Lens, venu pour amocher un concurrent dans la course au « maintien officiellement sur toutes les lèvres », peut à la 27eme minute se targuer d’avoir également foutu le karma de 2019 dans la moulinette pour une pulvérisation totale aux quatre coins de Gaston-Gérard. « Yessay ! » crie-je à ce moment du match, réveillant par la même occasion ma dulcinée, endormie sur son traversin.
A la 41eme minute, les dijonnais jouent leur carte « déconfinement », frappant pour la première fois au but, et c’est un Jean-Louis Leca tout en souplesse mais pas forcément hyper serein qui stoppa la tentative de Moussa Konaté. Dans la foulée, CoJean se décide à frapper un coup-franc presque juninhesque, direction la lulu, et permettant à Racioppi de démontrer qu’il est aussi un gardien de but. La mi-temps est sifflée, Lens aura joué deux partitions, une prudente et une plus audacieuse. La transformation semblant être issue d’une modification tactique opérée par Tonton Francky autour de la demi-heure de jeu, ce dernier demandant au soldat Sotoca de se positionner dans la zone de Celina afin de l’éteindre. Attaquant, milieu de terrain, mais aussi pompier. Et poli avec les arbitres.
SECONDE PÉRIODE :
La seconde période est globalement beaucoup mieux maîtrisée. Jo Mad Max Gradit se remet à perforer les lignes adverses balle au pied, pour délivrer un subtil ballon décalé à Clauss, qui centre pour FS7, mais ce dernier ne parvient pas à cadrer malgré une course qui écula Manga.
A la 66e minute, Haise décide de faire entrer Kakuta et l’infernal lion indomptable, de retour cinquante jours après sa blessure sur le tacle de Kolonidvacanzc. Quelques minutes plus tard, c’est Doucouré qui prendra la place d’un Seko Fofana plus qu’intéressant pour sa première titularisation. Lens étouffe encore plus son adversaire, Kakuta fluidifie le jeu immédiatement, en dépit d’une petite boulette qui eut le don de me faire pousser un petit cri nerveux, qui réveilla une seconde fois Madame, une nouvelle fois endormie sur son traversin.
Kakuta distille, Sotoca s’emploie mais vendange, la fin de rencontre se déplace sur le thème de l’œnologie. Ganago, sur un enchaînement « contrôle – frappe », rassure rapidement sur sa capacité à retrouver son niveau de début de saison. Doucouré ratisse et Michelin est de retour dans le circuit (mdr). La fin de match est plutôt tranquille, s’appauvrit techniquement et l’incapacité à tuer, voire simplement cryogéniser le match maintient un infime suspense. Les feuilles mortes tombent des noyers, et la Chouette reste sagesse, permettant de terminer cette rencontre sans but encaissé, ni cartons écopés. Clean Shit.
Au final, la chasse aura été frugale, et on se contentera de ce strigidé abattu sommairement en fin d’après-midi avec le boomerang du karma. On repart de Côte d’Or avec les trois points, pour la première fois de notre histoire (!!!), laissant par la même occasion un adversaire groggy, au bord de la mort cérébrale. Le maintien sur toutes les lèvres, le Top 10 dans toutes les têtes.
Écrit par L2F
Bonus :
Le légendaire Mug BM est à gagner.
Tu ne le sais sans doute pas mais chaque article est l’occasion pour la rédac’ de lancer un défi mot à celui qui écrit. Celui ou celle qui trouve les 10 mots du défi remporte le mug. Un seul essai, pas d’erreur possible.
Comment ? c’est très simple : une tentative par joueur, envoyée en DM sur le Twitter de BM.

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