La grandeur du football. Cette religion qui te faire vivre des émotions uniques. Capable de te faire monter très haut dans la divine légèreté de la victoire, puis de t’écraser sur ton canapé, usant de sa puissance déceptionnelle insoupçonnée. On assiste parfois à une imbrication du phénomène dans le phénomène, et le plus étrange est que ce n’est pas la première fois que cela se produit. Une transition entre deux états si abrupte qu’elle n’aurait rien de naturel. Imagine, l’Esprit Supérieur qui déciderait de couper tout accès à la lumière sans ne jamais t’envoyer de notification préalable par télécopieur. 11h ? Nuit. Midi ? Jour. Lens ? Victoire. Lens ? Défaite. L’organisme en est tout déboussolé, et quand bien même l’exposition à la très solaire euphorie se doit d’être consommée avec parcimonie. Debrief 2 en 1 donc, car sponsorisé par Head & Shoulders, pour une semaine qui m’a fait perdre quelques cheveux. Debrief 2 en 1 aussi, car les journées siamoises de Ligue 1 rendent la tâche de rédacteur BM plus difficile que jamais. Soleil d’hiver et rosée de printemps. Ou Day & Night, pour toutes ces soirées à danser sur du Kid Cudi et dont je ne me suis jamais rappelé des fins.
Chapitre J-15 : Le Jour (et son crépuscule)
En introduction, le Racing se déplaçait sur le Rocher Monégasque. Morceau de terre coincé entre villas de maxi-riches en quête de soleil perpétuel, on s’attendait tous à une tâche bien ardue. Car le déplacement des Sang & Or en Principauté ressemblait à s’y méprendre à cette journée de merde qui fait que tu rêves de taper une petite sieste de flemme dès l’heure de Popo Motus. Car oui, depuis 1998, nulle trace de victoire à Louis II en championnat. Pour une relance post-défaite à domicile, on repassera. Les jours précédents la rencontre, la commu lensoise s’était donc préparée à un mitraillage en règle. Moi-même, pourtant Officier Supérieur de la secte optimistico-optimystique, je voyais venir le petit 3-Z bien emballé dans son papier cadeau diagonale.
Trente-huit secondes ! Et Dieu alluma la lumière. L’action se prépare calmement de gauche à droite, et Doucouré réceptionne une déviation du Crackuta pour mettre sur orbite le Guide Michelin, dont le centre chirurgical trouve Sylla pour l’ouverture du score (38ème seconde ; 0-1). Jamais dans l’historie de BM nous n’avions dû écrire sur un but du Racing aussi tôt dans un débrief. Mais jamais nous n’avions dû décrire un but de Liverpool jouant dans les couleurs Sang et Or. Tout se goupille parfaitement bien. Lens mène déjà. Mais n’était-ce pas une ouverture du score trop prématurée ? Car on le sait bien, dans le football, comme dans la vie, accoucher plus tôt que prévu peut souvent avoir des conséquences fâcheuses. Et très vite après l’ouverture du score blitzkrieg du Racing, on se rend compte que la soirée n’allait pas qu’être une douce rencontre amoureuse sur la French Riv’. Leca et sa barre transversale s’interposent devant les cannonniers princiers. Et la VAR annule dans la foulée un pénalty, mais également une carte rouge pourtant promise à Gradit. J’adresse mes excuses à mon canapé pour violence a posteriori non-justifiée. Ma copine me regarde en coin. Je me sens con.
C’est à ce moment que Gaël se décide de la jouer psychologue de couple. De tendu je passe à rayonnant. En l’espace d’une action. Contrôle vanillé – passe en profondeur pour Ganago, qui par son pressing incessant met le jeune Disasi à la faute. Rouge. La vie est belle, je descends au garage faire chauffer le moteur de ma Mustang. Et puis, Lens reprend sa marche en avant, plus facile à 11 contre 10, mais on s’en cale la roulotte. Michelin, parfaitement décalé, pénètre dans la surface monégasque, et touche son pote Banza, dont la déviation trompe la vigilance d’un Mannone, dont le nom m’évoque plus naturellement un pot de yaourt qu’un gardien de but passé par Arsenal. Oh wait.
Et ça continue, Kakuta accélère, encore et toujours. S’appuie sur la montagne Fofana, dont le subtil décalage permet au crack de fusilier le portier monégasque. On approche de la mi-temps, et Lens mène 3-0. Encore !
La seconde mi-temps aura été ennuyante, et pour ne rien vous cacher, ça fait du bien de se faire chier 45 minutes devant un match du Racing de temps en temps. La promenade durera 45 minutes. L’occasion pour le RC Lens de sortir sa Chevrolet Malibu en mode Ryan Gosling dans Drive. Le Cap d’Ail, ça reste magique. Hormis deux ou trois freestyle de DJ Fiorito, rien ne fut à signaler jusqu’au coup de sifflet final. Ennemi anéanti, on rentre à la base. Rodger.
Chapitre J-16 : La Nuit (avant l’aube)
Pas le temps de tergiverser, les Sang et Or se rendent à Metz pour, on l’espère à ce moment-là, valoriser la victoire à Monaco. Car oui, trois points ramenés du Rocher, ça s’apparente à une pêche fructueuse. Une chasse mirobolante. On enchaîne donc les soirées à l’extérieur. La fatigue se ressent un petit peu, car la cuite au Cosmopolitan sur le rooftop du Riviera Marriott Hôtel me chatouille les cheveux à en finir chauve. Ce soir, nous sommes conviés chez des amis messins pour un repas certainement un tantinet plus lourd, genre raclette aux mirabelles tu vois. Les joies culinaires du nordeste du pays, si proches de nos coutumes vernaculaires. Metz, tout le monde le sait, est la plus belle ville de France. Sa cathédrale irradie l’Est de la France au point d’en être devenue un lieu de pèlerinage majeur pour les chrétiens orthodoxes de toute l’Europe. Il se dit même que des pèlerins s’y rendent chaque hiver, partant de Sankt-Petersburg et traversant les campagnes russe, biélorusse et polonaise en marchant sur les genoux. Metz, c’est également la capitale française de la culture, avec son annexe du Centre Georges Pompidou. Metz, c’est surtout un club de football légendaire, dont l’épopée finlandaise (à défaut d’être européenne) aura marqué la génération X, Y et bientôt Z. Metz nous a surtout bien cassé les couilles.
Très vite, la majorité se rend compte que j’avais complètement raison. Invité par nos compères d’Engrenatge (du très bon site Grenat Factory : lien ici), j’avais pu étaler ma science riolesque du football, prédisant que Metz serait le type de club qui saurait nous faire déjouer, et que l’homme à surveiller se prénommait Nguette. J’avais oublié une demi-douzaine de joueurs, car véritablement, c’est contre un mur collectivisé que Lens a joué samedi en début de soirée. Du football ou du squash ? Je me pose encore la question. La mécanique messine était parfaitement huilée. Kakuta est vite réduit à un pré-ado jouant avec son père sur le terrain de football stabilisé de la sortie du village. Aucune transmission ne passe. Aucune passe n’est transmission. Dès la 9ème minute, Kiki Kouyaté nous rappelle au bon souvenir d’une Ligue 2 trop souvent oubliée par les nôtres. Poteau. Dans la foulée, Yade tente une aile de pigeon qui frôle la barre de Leca. Mais bien rapidement, le danger revient sur le but lensois. Metz joue bas, et Lens monopolise le ballon. On sent qu’on arrive dans un temps Sang et Fort, et comme souvent, c’est à ce moment que la foudre se décide à frapper. La passe en profondeur de Boulaya atteint Nguette, qui profite de l’étonnante passivité de Haidara pour crocheter / danser / mimer / frapper. Gradit touche le cuir, Leca pousse un soupire (Metz 1-0 Lens).
Lens est amorphe, perdu seul au milieu de la nuit noire mosellane. C’est autour de l’heure de jeu que Haise se décide à faire entrer le Phare Seko. Et très vite, les premières lueurs du jour firent leur apparition sur l’horizon lointain. La nuit recule rapidement, et si le bloc messin était déjà bas en première mi-temps, on se retrouve systématiquement dans leur 22 durant toute la seconde période. Lens attaque à 10, Metz défend à 11. Le jour contre la nuit. Sur certaines séquences, on voit la totalité des joueurs de champ Sang et Or dans la moitié de terrain Grenat. Les actions se succèdent, Sotoca, Doucouré, Fofana n’arrivent pas à tromper Oukidja. Le jour contre la nuit. Les données statistiques sont toutes probantes ; plus de 60% de possession de balle, même ratio pour les duels au sol gagnés, presque le même pour les duels aériens. On le sent, soit ça passe, soit ça casse. Et sur une rare sortie messine en seconde période, Delaine finit par trouver ce diable de Boulaya, esseulé dans l’axe. Un cri court dans la nuit. (Metz 2-0 Lens)
Lens alterne, depuis de nombreuses semaines le bon, voire très bon, et le moyen, voire très moyen. Les résultats sont schizophréniques. Bipolaires. Mais le projet de jeu est bien ficelé, avec du caractère. Haise rassure après chaque défaite, et tempère après chaque succès. Ce qui est sûr, c’est qu’on est vraiment partis pour ne jamais s’ennuyer. Il faut savoir raison garder tout en conservant notre raison de vivre, subtil équilibre mais plus que jamais possible, tant cette saison nous pouvons être fiers de notre blason.
Écrit par @l2f_bm
Bonus :
Le légendaire Mug BM est à gagner.
Tu ne le sais sans doute pas mais chaque article est l’occasion pour la rédac’ de lancer un défi mot à celui qui écrit. Celui ou celle qui trouve les 10 mots du défi remporte le mug. Un seul essai, pas d’erreur possible.
Comment ? c’est très simple : une tentative par joueur, envoyée en DM sur le Twitter de BM.
Les mots à trouver dans le dernier debrief de @l2f_bm :
Punk à chiens, réceptacle, essaim, embolie, nucléaire, baril, bibine, claquettes, maryse, bourriquet
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