2020 se termine. Une bien belle année de merde, vous en conviendrez. Entre les cloîtres, les masques, les applaudissements télévisés sponsorisés par Aldi, les autorisations de sorties, les flics qui surveillent les sentiers de randonnées au cas où t’espérais vivre un peu, les interdictions en tous genre, il nous manque pas grand chose pour qu’on puisse valider le pire millésime depuis qu’on n’a plus de guerres. Il nous manque juste un volcan auvergnat qui se réveille ou un séisme qui détruit Bollaert pour que ce soit parfait. Ou Domenech qui ferait son retour en L1. Bref, comme disait mon pépé, « y’éto temps ».
Les amoureux du Racing ne sont pas en reste dans cette lose absolue que constitue cette belle année : On a la plus belle équipe de Lens depuis 10 ans, le jeu le plus sympa à suivre depuis 20 ans… et on ne peut pas mettre un pied au stade. C’est un peu comme si t’étais en couple avec Emily Ratajkowski et que tu devais te contenter, comme seule vie sexuelle, de lui parler en FaceTime. Tu auras beau te consoler en te disant que ce sera mieux en 2021, même toi tu n’y crois pas. Tu feras pas une grecque, pas un tendu d’écharpes, pas une descente de gradins. Et tu ne caleras même pas un doigt. On retrouvera un Bollaert plein en 2022, entouré de flics surarmés, « pour ton bien et ta sécurité », pour assister à un 0-0 contre Lorient au terme d’un match insipide. Car la vie est une garce. Et une garce en FaceTime en plus.
Ainsi on a raté un Lens-Brest un 23 décembre, sous une pluie battante, par 3°C. Le symbole était pourtant beau, quelle météo plus adaptée à part la mousson pour une telle affiche à cette date?
Pas plus mal d’ailleurs que l’air soit « vivifiant », ça réveille. Non pas que les Sang et Or soient endormis, mais les derniers résultats à la maison, combinés à une défaite à Metz, nécessitent un petit resserrage de vis pour finir l’année au chaud. Comprenez « avec un putain de matelas d’avance sur les derniers », (car pour l’instant, on joue toujours le maintien).
Pour que tout le monde soit concerné, Francky fait tourner et réintègre Fortes derrière, Michelin et Boura sur les ailes, et Banza devant. Kakuta, Ganago et Doucouré sont sur le banc : Soit un joli 19/20 sur l’échelle Diego Simeone des grosses cojones. Bien évidemment, les haters hate, préparent leur bile et aiguisent leur lame pour rappeler que Banza n’a pas le niveau et que Fortes est nul. Pourtant, qu’on aurait aimé leur hurler qu’on les kiffe au stade. Gueuler des « ALLLLLLLEEEEEEEZZZZZZ Putain ! » quand Boura longe la Marek ou s’arrache pour gratter un ballon au duel, s’indigner comme un seul homme quand Banza se fait descendre ou kiffer à chaque montée de balle de Gradit, à chaque récupération de Badé.
Au lieu de ça, on kiffe par clavier interposé, via notre écran de TV (ou via le portable de La Poch, qui n’hésite pas à t’appeler en visio devant sa télé quand ton streaming t’a lâché. Quelle femme!). On kiffe froid en fait. Pourtant Francky avait encore tout bon. D’abord en misant sur le jeu de tête de Banza et Sotoca pour emmerder les Brestois, ensuite en étouffant toute velléité bretonne avec 3 centraux très joueurs, capables de sortir chacun leur tour balle au pied une fois le cuir récupéré. Enfin, en lâchant des dragsters frais sur les ailes et en pointe. On n’a pas joué depuis 10 minutes que les Brestois sont déjà asphyxiés, ont lâché 2 corners et n’ont pas mis un orteil dans notre surface. « Et à ce niveau, ça ne pardonne pas ». Un centre de Boura contré finit en cloche, Sotoca saute (lui) et dévie, Kalimuendo conclut. 1-0.
Si Banza n’est pas loin du second, le Racing laisse ensuite venir. Juste pour rappeler que Badé dans les airs, c’est imprenable depuis qu’il s’est fait secouer par Andy Delort, et que Gradit-Fortes, c’est du putain de solide. Alors Brest tire une fois, tire 2 fois, obtient un corner. Et se prend un contre qu’on voyait venir gros comme un franc-maçon dans une banque suisse. Kalimuendo, lancé comme un javelot se fait accrocher par Duverne, péno. Sotoca transforme, 2-0, le match est plié.
Car on ne va pas se mentir : personne n’a cru à la mi-temps que Brest allait revenir. A la limite, dans un Bollaert chaud comme la braise, ça aurait pu arriver, juste pour nous faire chier. Mais à huis-clos, non.
Alors oui, ils ont un peu mieux maitrisé le ballon en seconde période, mais à chaque contre, c’était tout le Finistère qui serrait les fesses. Sotoca, Kali et Banza auront leur cartouche pour définitivement les achever, mais bon, on reste Lens hein. Tu peux avoir tous les Covid du monde, on saura jamais tuer un match. Pourtant Bollaert aurait rugi quand Kakuta est rentré, et aurait joui pendant ses 20 minutes de masterclass. Ouvertures millimétrées, contrôles à te démettre le ménisque rien qu’en le regardant, et festival de casse de hanches. C’est déjà très pénible de se fader Gaël au marquage quand il est titulaire, mais alors quand il rentre en jeu au moment où t’es carbonisé, ça doit être un enfer. Une panthère au milieu des yorkshires.
Bollaert aurait sans doute flippé quand même, de voir Ganago, Fofana et Haïdara de ne pas mettre le 3e. Mais quel feu ça aurait été. Il aurait bouffé sa chapka quand Michelin a dézingué coup sur coup Leca et Cardona dans la surface mais peut-être que galvanisé, Farinez aurait même débuté sa saison par un péno arrêté. Ou que Kakuta aurait achevé l’année par une minasse sous la barre, plutôt que la fracasser.
On ne sait pas, on ne le saura jamais d’ailleurs. Et c’est sans doute ça qui est le plus triste dans cette année 2020. Car si on avait l’idée débile et déprimante de faire l’inventaire de tout ce qu’on a raté cette année, on ne serait pas bien nombreux à mettre un rencard avec Emily Ratajkowski devant un match de ce Racing-là, dans un Bollaert plein comme une barrique.
Parce qu’on le mérite bien, parce que les joueurs le méritent tant, parce qu’Haise ne l’a même jamais vécu et parce qu’on espère tous les voir maintenir ce rythme en 2021. Et continuer à nous faire kiffer, par écran interposé.
Pour l’instant.
@R_Direktor
Bonus :
Le légendaire Mug BM est à gagner.
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