Salut à toi mon pote,
Comment est-ce que tu vas ? Ça fait un moment que je pensais t’écrire, et là, en début de semaine, un truc s’est passé. Les mots sont arrivés tout seul. A la vitesse de Jonathan Clauss sur son côté droit, si tu vois ce que je veux dire (rires). J’étais devant ma feuille blanche depuis de trop nombreuses semaines, l’inspiration ne venait pas. Et puis, le choc de l’annonce de la création de la SuperLeague m’a bousculé. Pour de vrai, ça m’a un peu retourné cette histoire, de savoir que certains pouvaient décider de couper les ponts de cette façon et pour les raisons que tu connais. Bon, on est loin d’être sortis d’affaire avec l’UEFA, mais au moins, on a évité la rupture d’anévrisme du ballon rond, tu crois pas ?
Cet acte de séparatisme provoqué par les riches de ce monde m’a une nouvelle fois rappelé à quel point j’ai mal à mon football. Cela fait des années que ça dure, et je t’avoue en toute franchise que ça fait un bon moment que j’ai décroché du foot élitiste dont nous abreuvent les médias. Canal, RMC, et tutti quanti. Où sont passés les Olympiakos, Rosenborg, Dynamo Kiev et autres Etoile Rouge de Belgrade ? Ces magnifiques clubs européens pleins de caractère ? Là, je trouve enfin les mots en matant la qualification de Rumilly-Vallières contre le Toulouse FC en Coupe de France. J’arrive pas à me dire que c’est le vrai football, parce que sur une chaîne payante. Mais ça reste un bol d’air quand même. Bon, et toi aussi tu sais ce que ça fait de perdre contre un plus petit que toi hein, mais au final, c’est bien ce qui fait la beauté de notre sport non ?
Pour dire vrai, je ne me reconnais véritablement plus qu’en toi, RC Lens. Le reste me blase. Je peine à kiffer un match de l’équipe de France. Pas pour sa façon de jouer, mais parce que la répétition de ces grands événements internationaux me lasse. L’Euro 2020+1 ? Mouais. Et la Ligue des Champions, je ne t’en parle pas. Le football d’en haut aseptisé, il devient chaque jour un peu moins attractif, et les nouvelles technologies apportent leurs lots d’éléments anti-naturels au football. Chaque semaine, la VAR ou la GLT viennent un peu plus nous dégoûter de ce sport qu’on a jadis tant aimé. Le football vieillit mal, mon ami. Ou peut-être est-ce moi, au final, qui suis simplement en train de prendre mon premier coup de vieux sur la gueule.
La covid a amené le silence dans les arènes, et dans le même temps a retiré ce qui restait encore de folklorique dans ce sport. Le public et ses réactions spontanées. Les banderoles, on est obligés de les faire sur BM désormais (rires). La masse populaire agglutinée dans les tribunes. Ce contact social. C’est vital pour le football. Surtout chez nous, et tu le sais bien mieux que moi. Ces dix dernières années, on avait pris l’habitude d’avoir les poils grâce à un énorme chant lancé a cappella plutôt que suite à une action de jeu léchée qui ferait ficelle. Ne m’en veut pas, RC Lens, parce que je te le jure, même dans ces pires moments, je t’aimais de tout mon coeur. La covid a eu raison de tes si belles tribunes, sans que l’on sache encore aujourd’hui quand et comment on les retrouvera. Bras dessus bras dessous ? Tous ensemble ? En mode pogo et slam comme au bon vieux temps ? J’ai tellement hâte qu’on se recapte ! Tu me manques tellement mon pote.
Mais la covid t’aura permis de remonter en Ligue 1, vieille crapule. Moindre mal au final. Y’en a qui ont encore les boules, mais on s’en fiche après tout. T’as été présent au bon moment, au bon endroit. En parallèle de la covid a éclaté la bulle Mediapro. Quelle année dantesque n’empêche ! Et le pire, c’est que tu arrives à la rendre belle ! Dans le pire contexte, tu nous sors des masterclass semaine après semaine. Tu nous fais tellement vibrer par visio. De Lens à Madrid, de Bogota à Montréal, je le vois parmi notre communauté, on est tous pendus à notre écran, à te regarder t’éclater sur le terrain – et éclater les autres par la même occasion. En attendant de te retrouver pour de vrai, directement à Bollaert, ou par l’intermédiaire des copains qui ont toujours chanté pour ceux qui étaient absents. La manière dont tu gagnes, dont tu joues, chaque semaine, a fait ressusciter en nous des souvenirs dorés et enfouis depuis si longtemps. Toi mon vieux RC Lens, ainsi que tes dirigeants, ton staff et tes joueurs, tu nous rends putain de fiers ! Désolé de ma trivialité, mais tu sais comment je suis. Parfois, ma passion déborde (rires).
L’avant-match du derby de début de saison t’aura montré, ou plutôt rappelé, parce que toi même tu sais, la passion qu’on te voue. Et on rêve tous de pouvoir te fêter comme tu le mérites, pour de vrai. Lesquin 2014 ne sera rien comparé à ce que l’on pourrait te faire vivre si la situation nous le permettait. La liste des événements à fêter est longue et pourrait l’être encore plus d’ici la fin de la saison. A cinq journées de la fin, t’es encore au coude à coude avec les gros bonnets de ce monde. Tu t’en rends compte du supplice que tu nous fais vivre ?! Au-delà de ce que l’on peut penser de toi au sein de la commu, tu as tout un pays qui loue ton travail chaque semaine. L’immense majorité du foot français te regarde avec envie, et même les médias étrangers commencent à parler de toi. T’as vraiment fait fort hein. Et je t’avoue qu’encore aujourd’hui j’ai un peu de mal à le réaliser.
Dans ce monde du ballon rond qui ne tourne plus rond, pendant cette période de merde qu’on subit tous, tu es notre kiffe hebdomadaire. Notre petite injection de plaisir. T’es frais, beau, et t’as la classe, mais je t’en supplie, surtout, reste comme t’es.
A très vite frérot, et surtout prends soin de toi,
Écrit par @l2f_bm
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