La semaine dernière, je vous parlais de mon état schizophrénique en Marek contre Lorient. Cette semaine, on abordera la bipolarité du RC Lens dans le Matmut René Gallice Atlantique de Bordeaux. Le lithium permet de soigner les états seconds imprévisibles, et est dans le même temps le matériau de base des moteurs électriques connus pour offrir de la puissance immédiate aux véhicules à l’arrêt. Après avoir ingéré une plaquette de Téralithe, le RC Lens redémarre d’un seul homme pour aller chercher une victoire aussi importante que spectaculaire. Aussi spectaculaire qu’inespérée. On ne va pas se mentir, sur la fin, le cannelé commençait à avoir un arrière-goût poivré.
La résistance mentale lensoise est en tout point exceptionnelle. Jamais Maurice Papon n’aurait pu réussir à la trahir tellement celle-ci semble infaillible, insubmersible, impénétrable même. Flo Sotoca marque le pénalty de la victoire à la 96ème minute, avant de filer prendre un bain de foule torse nu, suivi par un Serge Fofana qui agite son maillot comme on ferait tourner notre plus belle écharpe en Marek. Le parcage exulte sa joie. Le tableau final est une œuvre d’art. Quand Lens l’ouvre, ça donne ça !
Le chemin jusqu’à l’allégresse fut long. Car la première mi-temps frise d’abord avec le soporifique. Lens joue plutôt bien, mais semble terriblement stérile face à un adversaire qui se perd dans son salon. La domination tactique est totale, mais les hommes d’Haise peinent à se créer de occasions de buts. Je griffonne deux-trois notes en prévision de ma participation à l’émission Culture Sang et Or, à coup de stylo bic et surlignages Stabilo : « tout est parfait… jusqu’à la terre promise ». Kali et Sotoca frappent de loin. Et c’est tout. 36ème minute, Lens n’a pas encore été dangereux.
Jusqu’à ce que Kalimuendo, dont le centre de gravité est aussi bas qu’Abdoul est haut, parvient à résister à l’irrésistible envie de jouer à saute-mouton avec Jean Onana. La balle est décalée sur le côté gauche, jusqu’au meilleur copain du speaker. Franek trouve ensuite un Gaël Kakuta seul et très haut pour l’ouverture du score. Le parcage explose tel le Pic de Dante. Lens sanctionne positivement son premier véritable temps fort.
Vendredi, Kakuta balançait en conférence de presse que Jo Clauss s’était transformé en pop star anglaise. Depuis, le Speedy Gonzalez du 67 parle la langue de Shakespeare avec un accent cockney, s’affiche avec une Spice Girl sur les réseaux sociaux, porte les costards comme une star hollywoodienne et surtout tire les coups de pied arrêtés comme David Beckham. Le garçon ne s’arrête plus de progresser. A lui de poursuivre son contre-pressing sur le sélectionneur des Bleus. Iréel. Lens est désormais hyper dangereux sur les phases arrêtées. Le club pourrait changer de couleurs, de blason, voire même de nom que ça en serait moins surprenant. En l’espace de trois minutes, Clauss trouve par deux fois une tête lensoise. Celle du porteño de la Villa Fiorito fait vibrer les aglets des buts girondins, quand celle du narbonnais le plus populaire du Pas-de-Calais vient s’écraser avec fracas sur la poutre transversale de Costil.
Mi-temps, Lens éclate son adversaire deux à zéro. Je file au frigo pour me chercher une bouteille de kombucha saveur pêche de vigne – essences d’œillets. Je culpabilise en prenant également une barre de chocolat noir aux extraits d’estragon.
La première mi-temps proposée par le club résidant à Bordeaux-Lac ressemblait plus à un erg du sud-algérien. Sécheresse absolue. On y apercevrait des fennecs et autres crotales. Bienvenue sur France 5. «J’ai des petits problèmes dans ma plantation, pourquoi ça pousse pas ? » chantonne un Petkovic qui, en conférence d’avant-match, avait déclaré connaître la faille dans la tactique de Coach Haise.
Mais tout ça, c’était avant l’entrée de Yannick Adli. Le néo-milanais, surprenant remplaçant ce dimanche, apporte immédiatement de l’impact et de la qualité technique. Fan des théorèmes de Pythagore et de Thalès, il crée à sa guise de multiples triangles, s’appuyant tour à tour sur Onana, le sauteur de mouton, et Pembélé, son frérot du Camp des Loges. Sur une combinaison qui satellise le milieu lensois, à la cueillette depuis le retour des vestiaires, Yannick Adli se retrouve en face à face avec Facond Medina. Au prix d’un enchaînement de dribbles qui a longtemps flirté avec le funambulisme, le franco-algérien réussit à adresser un centre parabolique dans le rectangle lensois. Danso, véritable mur sur pattes, est un peu court. Gradit est mal positionné, et Richard Mangas hérite du ballon rond qu’il parvient à reprendre de volée. Dans le soupirail. On joue l’heure de jeu, Bordeaux revient au marcador sur son premier véritable décalage. C’est rageant. Je frappe très fort du poing sur mon canapé, qui a pour effet de produire un petit bruit étouffé et faire réagir ma mère : « ça va ? ».
Non, ça ne va pas. Mais afin de ne pas virer dans le désagréable, je préfère maugréer ma colère dans ma barbiche. Parce que Lens semble sortir de son match. Et donner raison à Petko. Bordeaux en profite pour prendre le rôle qu’a tenu le RC Lens lors d’une grande partie de la première période. « Oui j’ai le ballon mais je sais pas trop quoi en faire ». Le bloc bas proposé par les Sang et Or contient sans trop de difficultés les velléités girondines, peinant toutefois à ressortir de sa moitié de terrain. Guillaume Saïd entre en jeu, un retour remarqué et remarquable pour celui qui n’a joué que quarante-cinq petites minutes de Coupe de France la saison dernière. Très vite, l’ancien dijonnais montre qu’il est en jambes. Courses répétées, dribbles, prises de profondeur. Le périscope est sorti des fonds marins. Le sous-marin lensois n’attend qu’une chose, torpiller le vaisseau girondin. Sur une élimination dribble-court, Sotoca centre pour trouver la tête de Saïd, malheureusement trop parfaite pour tromper la vigilance de celui qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Montagnard néo-rossonero (ndlr : Olivier Giroud).
On se dirige vers la victoire, ose-t-on croire. Les vignerons vigneronnent, et ne sont toujours pas dangereux, quoique un peu trop dominateurs. La défense coulissante lensoise, qui a fait ses preuves sur le Rocher, semble être prête à tenir le choc pour les quelques minutes restantes. Franck Haise avait tout prévu, jusqu’au tire-bouchon que l’on voit dépasser de la poche arrière de son jean. Une belle bouteille de Margaux l’attend dans le vestiaire. Tout cela avant que n’intervienne le drame. Encore une fois, la surface de réparation est le théâtre d’un imbroglio tactique. Les placements sont improvisés. Fatigués par tant de sulfites, peut-être, les espaces sont béants, et Koscielny, pourtant pas réputé pour sa finesse technique, réussit à dévier le ballon d’un subtil retourné qui aurait toute sa place dans un ballet d’opérette. Instant Bolshoï. Briand donne la réplique, Gradit et Danso sont, eux, dépassés, et Jean Onana, ancien lillois comme Lopez, surgit pour l’égalisation. 2-2. Une vraie envie de ragequit m’envahit alors.
Heureusement que j’ai résisté, moi aussi, et que je suis resté devant mon écran jusqu’au bout.
Place aux chiens.
Écrit par L2F
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