Satané lynx, tu crois l’avoir mis en cage, et il suffit que tu détournes le regard deux minutes pour qu’il se fasse la malle. Car si ce n’est pas la sagesse du hibou qui t’a mis en défaut, tu n’aurais pas dû laisser la grenouille toute seule sur son caillou. Le lion a beau avoir cavalé dans toutes les directions pour attraper sa proie, il est reparti avec le même morceau de viande que la hyène. La chauve-souris avait pourtant annoncé que le danger rôderait jusqu’à la dernière minute. Le vaillant berger crut maintenir son pré inviolé, la puce a bel et bien failli changer de monture à la dernière seconde. Que la frustration sorte de sa chrysalide, et déploie ses espoirs ailés.
Trêve d’éthologie. Revenons-en au grand classique du football français qui eut lieu samedi soir. Dans un Bollaert des grands soirs, la Sainte-Barbe a été célébrée de la plus belle des manières. Le stade est quasi plein, ne manquent que les supporters parisiens, privés de leur liberté. Le casting est rêvé ; le meilleur joueur du monde, auréolé du brassard de capitaine, et ses dix soldats, affrontent un Paris Saint-Germain actuel leader de L1. Toute la région est à Bollaert, elle qui attendait cela depuis plus de dix ans. Le succès de la saison passée, vécu à jauge réduite, est digéré, archivé. Haise balaie d’un revers de main la possibilité d’utiliser la victoire de Septembre 2020 pour préparer l’affrontement du soir. Le décor est planté.
Paris, qui après Neymar, la cathédrale de Notre-Dame et Messi, s’évertue à idolâtrer les monuments cramés. Le public Sang et Or, si prompt à venir encourager les siens face à Troyes, Angers ou Metz, répond une nouvelle fois présent. “Pas de starlettes, des guerriers”. Les RT annoncent la couleur, fidèle à l’état d’esprit de Captain Seko. Tout le monde a compris. Ce soir, faut qu’on se fâche. Bébé, faut qu’on se clashe. La Lensoise est désordonnée, fragrance des grandes soirées de football dans le bassin minier.
Lens et Paris. Thèse et anti-thèse. Deux véritables contraires s’affrontaient samedi soir. On ne parle pas d’une rivalité créée de toute pièce, mais d’une opposition socioculturelle historique. La vie parisienne, avec ses strass et paillettes, est en tout point le négatif du bassin minier. Le RC Lens a pris en main son histoire, l’assumant avec brio. La Sainte-Barbe est en passe de devenir un rendez-vous incontournable entre le club, son histoire et ses supporters. Voire même entre le club, son passé, son présent et son futur. La fonte, le charbon, la poussière, les mines, la gaillette, le galibot, le chariot, le rail, le chevalet, la sémantique qui fait le sel de ce club est exploité. Lewarde et le RC Lens, les terrils et les corons. Et ce moment de frisson, d’ondes si puissantes. Martial et Daniel, anciens mineurs de fond, donnent le coup d’envoi fictif. Messi les applaudit. En caisse de résonance, le stade Bollaert, chauffé à blanc par Sylvano, hurle à gorge déployée ce chant, quintessence de ce qu’est le plus beau club de France. “… et du haut de leur chevalet, ils chantaient Lens allez allez”. La cinématique est absolument exceptionnelle.
Dès les premiers instants, on se rend vite compte de la mainmise que le RC Lens cherche à avoir sur la rencontre. Franck Haise, possesseur du Mug BM, est un génie. Pléonasme. Le rouennais décide d’aligner Pereira Da Costa avec Kakuta dans un schéma tactique “sapin de Nöel”. Comme un cadeau abstrait pour mieux remercier la grande famille lensoise pour l’ensemble de son œuvre depuis vingt mois. La symbolique, en ce jour spécial, prend toute la place. Merci Coach. Le début de match de nos tiotes biloutes est tellement explosif qu’il rendrait l’éruption du Mont Semeru pâlichonne. Fiers d’étrenner un maillot noir et or, les onze fantastiques récitent alors une partition en tout point parfaite. Mozart, Chopin, Vivaldi, Franck Haise.

Le club de la capitale, omnipotent dans le football français depuis plus de dix ans, décide de donner un blanc-seing au RC Lens. “A toi de faire le match, on souscrira”. C’est à peu près comme ça que je lis le script de la rencontre a posteriori. Lens domine sans partage, jusqu’à la parenthèse du quart d’heure de jeu. Messi, qui est tellement invisible depuis qu’il a passé le péage du Perthus, est laissé libre. Normalement, quand la Pulga touche la pelota dans cette zone, la suite est fatale. C’est à ce moment-là qu’entre en jeu le pouvoir surhumain de Jean Lou, qui d’un regard déterminé bouscula les lois de la physique en écartant le ballon vers l’extérieur du poteau. Après Lille, Marseille, voilà que ce bonhomme de Jean-Louis Leca se décide à sortir une nouvelle masterclass. Comme pour envoyer un gros fuck à tous les autistes de l’analyse qui ne comprennent rien au football.

Loin d’être impressionné par l’occasion en or massif de ce ballon d’or plaqué, le collectif artésien se remet immédiatement en route vers l’eldorado. Emmenés par ces hommes fORts (copyright RC Lens), ce même RC Lens reprend sa domination sur un PSG relégué au rôle de sparring partner. Jusqu’au temps faible lensois, inévitable tant la débauche d’énergie est grande. Leca, dans le rôle de Gandalf, hurle « no pasaran ».
La seconde période reprend de la même manière. En plus accentuée encore. Lens écrase littéralement le PSG. Appelez le 36 37 (Téléthon). Cette saison, le PSG a besoin de vos dons. Car oui, le second acte est à sens unique. Sors de ton hibernation cryogénique, toi, destinée passée qui m’a fait tant souffrir. ET LIS MOI P***** DE MERDE. LENS EST EN TRAIN DE MARCHER SUR LE PSG ! Comme la saison passée, les parisiens sont à Ibiza. Verratti, Paredes et Danilo admirent un Seko Fofana plus vertical que jamais. Et son but plein de détermination de la 62ème vient encore ajouter de la symbolique à la symbolique. Ce que l’on voit n’est pas réel. Le temps passe, et passe, et passe, et à son contact, ils deviennent liquides. C’est comme un trou intemporel. Transcendés, les Sang et Or répètent inlassablement les remontées de terrain dans le No Man’s Land laissé par les hommes de Pochettino, tel Michel Strogoff dans l’immensité sibérienne. Comme son plus grand fan en première mi-temps, David PDC touche le montant. Sotoca, une nouvelle fois servi par l’Éléphant Mécanique, manque la cible. On sent que nos petits chouchous commencent à tirer la langue. L’espoir de répéter l’exploit de la saison dernière est intact, mais se fragilise minute après minute. Paris, qui n’a été dangereux que sur une tête de grenouille, peine à se montrer à son avantage. Mais Lens recule. Compacts mais acculés. Haise consolide les bases. Jusqu’au crépuscule de ce rêve que l’on osait croire réel. Devant cette avanie, le Paris SG ne pouvait que réagir.
Écrit par L2F (@l2f_bm)
JEU MUG BM :
Le légendaire Mug BM est à gagner !
Chaque article est l’occasion pour la rédac’ de lancer un défi mot à celui qui écrit : 10 mots de cet article ont été imposés. Si tu trouves ces mots, tu gagnes le mug.
Comment ? c’est très simple : une tentative par joueur, envoyée en DM sur le Twitter de BM @BollaertMecaniq
Et qui dit nouvelle saison dit nouvelles règles : les points gagnés se cumuleront sur la saison, chaque bonne réponse apportera un point, qui permettront aux meilleurs de gagner les challenges intermédiaires.
Le premier challenge est d’arriver à 57 points !
Alors tu veux rejoindre Franck dans la caste des mecs qui boivent leur café avec classe ?
Les 10 mots de l’article précédent étaient : foutaise, mulot, folichon, bulbe, kimono, antidote, convecteur, plastron, diagonale, vecteur
Votre commentaire